le risque du miroir …

L’abbé Cestac à 26 ans fait preuve d'une connaissance subtile de la psychologie des jeunes filles. Nombre de ses observations sont d'une grande justesse. Il ne pointe pas les défauts, déficiences ou tentations de sa sœur pour lui en faire le reproche. Il lui écrit : « Le cœur de l'homme, particulièrement à ton âge et dans ton sexe, est extrêmement faible et inconstant. Une personne (…) pleine de bonnes résolutions, pourra, si elle n'y prend garde, changer en bien peu de temps, et se trouver bien loin de sa route. Elle sera pleine d'autres idées, par exemple, qu'il n'est pas nécessaire d'être si dévote ; qu'on n'est pas une religieuse, et que la vie serait bien triste si l'on ne pouvait s'égayer ; que d'ailleurs on n'a, Dieu merci, aucune mauvaise intention. De là, et sous ces prétextes, on se relâche, on ne se plaît plus autant à l'église ; il tarde que les vêpres soient finies pour aller se promener ; on les trouve bien longues. Le cœur se porte au-dehors, les prières sont tièdes, l'esprit se remplit de mille distractions ; on devient plus froide pour les sacrements ; on trouve que c'est bien assez de se confesser d'abord tous les deux ou trois mois, puis aux grandes fêtes. Alors on y va moitié par respect humain, par honte ; on voudrait que cette fête fût bien loin. Le coeur n'est plus comme autrefois ; on est toute changée. Mais en revanche on devient ardente pour la parure, pour les mondanités : il faut être propre, et sous ce prétexte on recherche ce qui peut le mieux nous flatter. Le miroir devient notre grand ami ; on n'est pas fâchée de plaire. »


(A suivre)