Une monarchie libérale s’est installée en France, mais l'insurrection de la Pologne n'est pas terminée (défaite des troupes polonaises par la Russie en 1831). Cestac écrit : « Au milieu des débris amoncelés autour de nous, il a été consolant pour nos cœurs de voir s'élever, soutenus par la foi et le génie, destinés à vivifier la société, à régénérer le monde, Dieu et la liberté. Invincible besoin de la nature humaine, condition nécessaire de la paix sociale, ces deux mots représentent l'homme tout entier ».
La formule « Dieu et la liberté » vient de Lamennais. Elle résume le programme de L'Avenir, journal qui paraît à partir du 16 octobre 1830, à l'initiative de l'abbé de Lamennais, de l'abbé Gerbet, du P. Lacordaire et de Charles de Montalembert.
Avec « Dieu et la liberté », le journal veut réconcilier la foi en Dieu et les aspirations à la liberté du peuple. Il défend, à la fois, l'autorité souveraine du pape en matière religieuse et la souveraineté du peuple en matière politique, et, en même temps, le principe de la séparation de l'Église et de l'État. L'Avenir était lu au séminaire de Larressore. Même au réfectoire, pendant les repas pris en silence. « On lisait au réfectoire, dans L'Avenir, les articles étincelants de Lamennais, Lacordaire, Gerbet et Montalembert ; maîtres et élèves restaient tout frémissants, sous la parole chaude et convaincue des jeunes réformateurs. (…) On se prenait d'amour pour Rome ; en saluant le Pape infaillible, on le vengeait de trois siècles d'injures et d'avanies ».
Sur un plan plus strictement philosophique et théologique, l'abbé Cestac partagea-t-il, à un moment, les idées de Lamennais ? Ce sera une des difficultés qui seront soulevées par le Promoteur de la Foi lors de son procès de béatification.
(A suivre)