Les petites orphelines…

A partir de 1833, Cestac s'attacha à une nouvelle forme de misère : «C'étaient des jeunes filles de 11 à 13 ou 14 ans que je voyais vêtues de haillons et un panier sous le bras, aller çà et là chercher leur vie en ramassant des copeaux dans les chantiers des charpentiers, des os dans les campagnes, exposées à tous les dangers et à tous les malheurs. »


À la fin de sa vie, à l'écrivain Dubosc de Pesquidoux qui l'interrogera sur son itinéraire, il racontera un événement plus précis : «Un jour, dans une de mes courses, je découvris au fond d'un faubourg deux petites orphelines abandonnées. Elles étaient pâles, chétives, exténuées, sans vêtements, et faisaient mal à voir. Dieu me suggéra le dessein de me charger de ces enfants.»


Emu, le Père Cestac n’a pas tout de suite conçu le projet d'ouvrir une maison pour ces petites orphelines. Si l'on suit la chronologie, il se passe trois années entre la rencontre des premières orphelines et l'ouverture de la première maison. Pendant ce temps, il leur est venu en aide de différentes manières et a essayé de comprendre leur situation en parlant avec elles. « J'en interrogeai plusieurs, et toutes me répondirent unanimement qu'elles n'allaient pas à l'école, parce qu'elles n'avaient pas de quoi vivre ; qu'elles étaient obligées de pourvoir elles-mêmes à leur nourriture, à leur loyer, à leurs vêtements, n'ayant personne qui pût ou qui voulût s'occuper d'elles. »


(A suivre)