Dans une lettre au maire de Bayonne, Cestac écrit « Il est dans Bayonne un certain nombre de petites filles appartenant à la dernière classe de la société, quelques-unes absolument orphelines, d'autres privées de leur père ou de leur mère, d'autres enfin qui dans leurs parents ne trouvent que de pernicieux exemples, trop souvent de funestes conseils.
On les rencontre dans les rues dans un état digne de pitié ; pieds et jambes nus, vêtues de lambeaux sales et dégoûtants et portant sur elles tous les traits de la plus extrême misère. Leur moral est dans un état plus triste encore s'il est possible : croupissant dans une ignorance absolue, elles subissent toutes les conséquences de leur déplorable situation. » (…)
Tels sont les dangers du dedans, ceux du dehors ne sont pas moindres.
Dans les beaux jours, elles vont rôder autour des charpentiers de navire, demandant la permission de ramasser des copeaux, mais on leur fait acheter bien cher un peu de complaisance ! (…) dans les jours de pluie les ouvriers ne travaillent pas, les copeaux manquent, et leur unique ressource est la mendicité.
Cet état de choses devient plus grave à mesure que ces petites grandissent, et (…) je peux néanmoins assurer qu'au plus favorable, ces enfants, accoutumées à une vie fainéante et vagabonde, forment et alimentent cette partie de la population qui se fait remarquer, à Bayonne comme ailleurs, grossière, hagarde, scandaleuse et brutalement dévergondée (...)»
(A suivre)