« Le Hougassé » comprenait « une cuisine de campagne : des murs nus, une grande cheminée noire, un sol de terre battue » et, à l'étage, une chambre, sans meubles elle aussi. Cestac acheta, auprès de revendeuses d'objets d'occasion, du mobilier, des lits pliants, des couvertures et se procura, auprès de différentes familles riches de la ville, draps de lit, chemises, torchons et serviettes. Une telle oeuvre, même très modeste à son origine, ne pouvait être entreprise sans l'accord des autorités.
L’abbé Cestac avait soumis son projet à l'évêque de Bayonne. Mgr d'Arbou donnera la première bénédiction. L'abbé Cestac voulut aussi prévenir les autorités civiles. Le 8 juin 1836, il adressait une longue lettre au maire de Bayonne, François Balasque. Il y exprimait une intuition à laquelle il restera très attaché : il ne s'agissait pas de faire un acte de charité en recueillant des orphelines ou des fillettes abandonnées par leurs parents, il s'agissait aussi de leur donner une première instruction, religieuse et profane, et de préparer leur réinsertion dans la société. Formées aux travaux domestiques de base (ménage, cuisine, repassage, etc.), « elles pourraient dans un ou deux ans trouver des places convenables et échapper ainsi aux inévitables dangers de leur situation ».
Le Père Cestac voulut aussi qu’elles aient un uniforme. Elles ne pouvaient garder leurs haillons, même lavés et rapiécés. Un uniforme leur rendrait une dignité, en même temps qu'il les mettrait sur un pied d'égalité pour un nouveau départ dans la vie.
(A suivre)